mercredi 20 janvier 2010

Haïti: l'UNICEF met en garde contre les adoptions

19.01.2010 17:07

L'UNICEF rappelle que la priorité est de réunir les familles qui peuvent l'être. [Reuters]

L'adoption des enfants abandonnés ou séparés par la catastrophe en Haïti n'est pas une option dans l'immédiat, a affirmé mardi l'UNICEF. Il faut d'abord tout faire pour retrouver des membres de la famille des enfants victimes du séisme.

Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), 48% de la population de Haïti a moins de 18 ans. Plus de deux millions de personnes ont été directement touchées par le séisme, soit environ un million d'enfants. Sur place, la situation restait assez chaotique mardi.

"Les enfants sont les plus vulnérables, les plus fragiles lors d'une catastrophe. Des cas de violences nous ont déjà été rapportés", a déclaré la porte-parole de l'UNICEF à Genève Véronique Taveau.

Des enfants abandonnés et affamés errent dans les rues de Port-au-Prince, selon les organisations humanitaires. La priorité est de les nourrir, de leur procurer une aide psychologique et surtout de les identifier.
Risque d'explosion du trafic d'enfants

L'UNICEF, Terre des Hommes, Save the Children notamment ont annoncé qu'ils renforcent leur personnel spécialisé en Haïti. L'agence de l'ONU redoute que des réseaux criminels profitent de la situation pour organiser un trafic d'enfants.

L'enlèvement d'enfants était une pratique courante à Haïti avant le séisme, avec des dizaines de cas signalés. L'UNICEF privilégie la réunification dans leur pays des enfants séparés ou orphelins avec leur famille, y compris la famille élargie, a expliqué sa porte-parole.

"L'adoption est seulement une option après que toutes les autres possibilités aient été épuisées", a souligné Véronique Taveau. Il faut d'abord identifier les enfants séparés ou orphelins, les enregistrer, essayer de retrouver des membres de leur famille, et s'en occuper.
Gouvernements occidentaux entre deux eaux

Les enfants sont parmi les principales victimes du séisme en Haïti. Les enfants sont parmi les principales victimes du séisme en Haïti. [Keystone] Plusieurs gouvernements occidentaux ont indiqué qu'ils vont s'efforcer de faciliter le transfert des enfants haïtiens déjà en cours d'adoption par des familles. Le gouvernement français, notamment, a été interpellé par des familles adoptantes dans l'angoisse qui souhaitent une accélération des procédures.

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a toutefois mis en garde mardi contre des adoptions précipitées d'enfants haïtiens, jugeant que les autorités françaises ne doivent pas être "accusées d'enlèvement", même sous un "bon prétexte".

Les Etats-Unis ont annoncé lundi qu'ils allaient assouplir les procédures d'adoption pour les orphelins haïtiens en autorisant leur transfert sur le sol américain sans qu'ils aient besoin de passeport ou de l'ensemble des pièces administratives délivrées par Haïti.

Janet Napolitano, la ministre à la Sécurité intérieure a invoqué la catastrophe humanitaire provoquée par le séisme de mardi dernier pour expliquer le geste de Washington. Concrètement, les familles américaines candidates à l'adoption d'un orphelin haïtien n'auront plus à attendre que le gouvernement haïtien ait délivré tous les papiers et autorisations nécessaires pour que l'enfant soit transféré vers les Etats-Unis.
Facilités pour les adoptions en cours

La Belgique a annoncé des mesures allant dans le même sens pour les familles belges qui ont lancé la procédure avant le séisme, même si la procédure n'est pas terminée. Quatorze enfants sont concernés.

Le gouvernement espagnol va aussi accélérer le transfert en Espagne des enfants haïtiens en cours d'adoption dans des familles espagnoles, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Madrid explique que les "adoptions avec Haïti sont actuellement suspendues de la part de l'Espagne" en raison de la situation dans l'île, mais que pour les adoptions déjà conclues, le transfert des enfants concernés vers l'Espagne sera facilité.

agences/jeh